New Hope - RP ALFDM

Martin suivit son regard.
-J'en sais rien. C'est ici que je me retrouve à chaque fois que je m'évanouis ou que je frôle la mort. Je sais juste qu'il ne faut pas ouvrir cette porte. Mais sion c'est... paisible. Y a aucune pensées, pas de douleurs, j'ai l'impression que l'Ombre en moi ne peut pas venir ici. Mais je peux toujours communiquer par les pensées, mais seulement avec les gens inconscient. Ce qui est manifestement ton cas ma douce. Tu te surmène.
Il lui attrapa la main, sans se départir de son sourire.

Charlie serra sa main, et sourit aussi. Le jeune homme semblait heureux, et ses éternels yeux rieurs lui réchauffaient le coeur.
- J'avoue que je n'ai pas beaucoup dormi ces derniers temps... Mais toi, tu vas bien ?
"Question stupide Charlie" ne put-elle s'empêcher de penser.

Al profita de la distraction pour tirer sur l'Ombre qui la tenait en joue. Celle-ci s'écroula.
"Crève, s*loperie." hoqueta la jeune fille.
Les flammes montaient beaucoup trop vite.
Gilles, pensa la brune. Gilles...
Elle se rapprocha. Il était inconscient.
Malgré la panique du moment, Al était lucide. Tout - ses instincts de survie, la situation - lui hurlaient qu'elle ne pourrait rien faire pour lui.
"Je... Je suis désolée... Pardonne-moi..."
Elle le secoua. Une dernière tentative avant de s'échapper. Avant d'accepter sa mort.
"Réveille toi. Je t'en supplie."
Elle pleurait. Autour d'elle, elle sentait les flammes grandir.

Gilles bougea faiblement, ramené à la réalité par cette chaleur.
Du sang coulait sur un de ses yeux, l'aveuglant. Il était en piteux état, mais libre. La chaise s'était brisé sous le choc de sa chute, le libérant de ses liens.
"Al..." murmura-t-il, désorienté.

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Martin la rapprocha de lui, réduisant la distance entre eux.
"-Ici, je me porte à merveille. Il faut que tu dormes plus ma belle. Ne t'inquiète pas pour moi. -La main glissa sur la joue.- Si tu veux, on se retrouveras ici, souvent. Je serais toujours là, contre cette porte, à t'attendre. D'accord ?"
Il essuya rapidement une larme qui débordait de son oeil.
"Tu vas devoir être forte, ça va être dur. Mais tu y arriveras. Je le sais."

- D'accord
Charlie sourit à travers ses larmes, qu'elle empêchait le plus possible de couler. Elle serra Martin contre elle, à l'en étouffer, et lui chuchota à l'oreille.
- Ne t'inquiètes pas, j'y arriverai. Et toi, fais attention à toi, et n'oublie jamais que, quoique qu'il advienne, je serai là, je te le promets.

"Gilles!"
Al se ressaisit. Ils auraient le temps pour les effusions plus tard. Elle prit le poignard à sa ceinture - elle avait été bien inspirée de l'amener - pour trancher les liens qui l'attachaient et prit le front du jeune homme entre ses mains
"On va sortir de là. Ok? Je vais te soutenir et il ne faut pas que tu tombes, d'accord? Si tu tombes, je... Je pourrai rien faire. Tu comprends?"
Sans attendre de réponse, elle passa son bras valide sur ses épaules et le souleva avant de se mettre en direction de la sortie.
Pitié, pourvu qu'on y arrive.

"Bien sûr que tu y arriveras. Et tu n'auras plus besoin de veiller sur moi ma belle. -Il grimaça, ayant l'impression d'avoir laisser échapper trop d'information, puis repris son sourire doux- Mais je serais toujours là pour toi aussi."
Il se pencha sur elle, l'embrassant.
"Maintenant tu dois te réveiller. Alfred frappe a ta porte depuis un petit moment. On a plus beaucoup de temps."

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Gilles boita aussi vite qu'il le pouvait, s'empêchant de sombrer à nouveau malgré son corps défaillant.
Ils arrivèrent à la porte, pas encore mangée par les flammes, et purent sortir à l'air libre. Des gens étaient en train d'arriver sur les lieux.

Enfin pensa Al avant de tomber à terre. On l'a fait. On est vivant. Les gens se rapprochaient. Je me demande quelle tête doit tirer John fut la dernière pensée de la jeune fille avant de perdre conscience.

En effet, Charlie se sentait partir, alors que son esprit essayait de la ramener dans le monde réel. Elle embrassa une dernière fois Martin, et lui chuchota en souriant :
- Je t'aime, reste en vie...
Elle avait l'impression d'être aspirer, alors que les contours de la pièce et de Martin devenait de plus en plus flous, elle ne savait plus où elle était, ni quand...


Elle ouvrit brusquement les yeux, retrouvant sa maison et les coups d'Alfred contre sa porte. Le contact du sol froid la ramenait peu à peu à la réalité, alors qu'elle sentait encore la main de Martin logée dans la sienne.
Elle cligna plusieurs fois des paupières pour se réhabituer à la lumière ambiante, puis se leva pour aller ouvrir au médecin.
- Désolée de vous avoir fait attendre, marmonna-t-elle. Vous avez du nouveau ?

Alfred avait l'air ébranlé.
"Je... J'ai rien pu faire. Je suis désolé. Vraiment désolé."
Il bégayait, tremblant. C'était la première fois qu'il annonçait une telle chose, malgré sa longue carrière. L'avantage d'être un médecin qui n'avait pas de patient.
Il déglutit, plantant son regard dans celui de Charlie.
On lui avait dit d'être concis, d'être ferme. De toute façon, aucune de ses paroles ne changerait la réalité. Il n'était pas doué, mais il avait voulu le faire.
"Martin est mort."

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Alice rouvrit les yeux dans une chambre blanche. John endormi , la tête sur son lit, enfoncé dans son fauteuil roulant, lui tenant la main.

Elle l'observa un moment sans bouger. Elle avait encore du mal à croire qu'il puisse être là pour elle. Du mal à croire le gonflement de son cœur lorsqu'elle voyait sa figure défigurée. Comme si elle n'était pas tout à fait complète sans lui.
Elle ferma les yeux un moment. Etait-ce vraiment raisonnable? Elle se revit tirer de sang froid sur Raoul. Le fait était qu'elle avait bien fait mais... Elle aurait très bien pu se tromper. Et elle n'avait pas hésité. Parce que Gilles était en danger.
Gilles.
Gilles et John.
Ses deux piliers maintenant, il fallait croire.

Mais... était-ce raisonnable? La question tournait dans sa tête. Vu ce dont elle avait été capable lorsqu'elle avait cru Gilles en danger, elle osait à peine imaginer son comportement si elle perdait John.
Elle frissonna à cette pensée et la repoussa au fond de son esprit. Ce n'était pas le moment.

Elle serra un peu la main qui la tenait.
"Dis donc." dit-elle à voix basse, mais assez fort pour perturber le sommeil léger de l'homme. "A te voir comme ça, on pourrait presque te croire sentimental Marley."

Charlie ne bougea pas, ne parla pas, elle contempla Alfred de longues secondes, alors que, dans sa tête, les mots de l'homme résonnaient douloureusement.
Martin. Mort.
- Ce n'est pas possible.
Elle sentait encore sa main dans la sienne, sa chaleur de ses bras qui l'entourait, son souffle dans son cou, ses lèvres, sa voix, son sourire... Elle venait d'être avec lui, il ne pouvait tout simplement pas être...
"C'est ici que je me retrouve à chaque fois que je m'évanouis ou que je frôle la mort"
Elle n'avait pas réagi quand il avait prononcer ses mots. Et maintenant il...
Elle s'écroula aux pieds du médecin, pleurant silencieusement, n'ayant même plus la force de crier.

Marley ouvrit un oeil, vit la jeune femme et se redressa rapidement, sans pour autant lâcher la main. Il posa son coude sur le lit, maintenant son visage fatigué. Il aurait pu lui sauter au cou, tant il était heureux de la voir enfin éveillée.
"On pourrait croire oui. -Sourit-il.- Tu nous a fait une belle frayeur tu sais, y a un produit toxique qui s'est enflammé là-bas, et t'en as absorbé les vapeurs. Gilles aussi d'ailleurs. -Il soupira- T'en a pris des risques, hein ? On a retrouvé le cadavre d'une Ombre, et de Raoul. J'ai doublé tout les effectifs. Tu m'expliques ce qu'il s'est passé ?"

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Alfred regarda la jeune femme écroulée, il se baissa, lui tenant l'épaule.
"Je suis désolé Charlie. Il..."
Que dire de plus ? Il l'avait découvert sans vie durant la nuit. Les machines étaient éteintes, grillées, et il avait été impossible de déterminer depuis combien de temps il était mort. Son corps gris, aux traits révulsés, avait été emmené à la morgue. Il n'avait pas voulu que Charlie voit le cadavre dans cet état.
Il se sentait coupable.
"On va l'enterrer demain. Tu..."
Il se tut. Il avait envie de lui demander de venir, de partir, d'aller de l'avant, de lui confier une quelconque mission.
"Je dois aller informer John et Teddy de la nouvelle..." Tenta-t-il finalement, en la laissant seule.

Des vapeurs toxiques ? L'estomac d'Al se noua de malaise. Elle finit par repousser ce problème dans son esprit. Ils auraient le temps de s'inquiéter des effets s'ils se manifestaient.

Une autre chose aussi l'inquiétait mais elle préféra répondre à John pour reprendre le fil de sa pensée:
"Il semblerait que certains des agriculteurs se soient alliés avec des Ombres." Prononcé, le concept faisait encore plus peur qu'elle ne l'aurait cru. A quel stade de panique devaient arriver des humains pour s'allier à ces monstres ? "D'après ce que j'ai compris, Paul en a surpris un - Raoul ? - d'où l'incendie... Mais Raoul n'était pas le seul. Il y a Georges aussi - c'est lui qui a déclenché l'incendie... Sûrement d'autres. Il doit en avoir d'autres." Mais pourquoi? "Je ne voudrais pas te faire de peine, Marley, mais la cohésion de ta ville me paraît très bancale." Elle grimaça. "J'ai réussi à tuer une Ombre mais... Il fallait sauver Gilles et..." Où était passé l'autre Ombre? Et Georges? "Elles préparent une attaque."

Les derniers mots d'Al arrivèrent comme une surprise pour elle-même. Il y allait avoir une attaque. C'était le moment pour elle de filer normalement. Mais le moyen de fuir maintenant ? Sans abandonner John et Gilles ?

Elle ferma les yeux deux secondes. Gilles...
"Comment va mon Gillou ?" La question avait quitté ses lèvres avant même qu'elle ait pu s'en apercevoir.

Le visage de John était devenu impassible.
Une attaque. Dans SA ville. Organisées de l'intérieur ?!
Il nota qu'un examens des agriculteurs s'imposait. Il appela un des gardes posté devant la porte d'Alice, et l'informa en quelques mots. Des interrogatoires allaient être organisés aujourd'hui même. Le soldat repartit, et John s'enfonça davantage dans son siège. Et soupira. La question d'Alice méritait une réponse.
"Gilles... Son état est stable. Les vapeurs ne l'ont pas arrangés, et il était dans une situation critique en arrivant. Quelques heures de plus et... Tu l'as sauvé Al. Un médecin est censé passé me chercher quand il se réveilleras, mais ça risque de prendre du temps. Beaucoup. Mais c'est grâce a toi qu'il respire encore."

Alice ferma les yeux. "Tu l'as sauvé..." C'était si faux qu'elle avait presque envie de rire. Si elle voulait le sauver, les sauver vraiment, il fallait fiche le camp le plus vite possible. Mais il lui avait fallu une seconde sur le visage fermé de John pour comprendre qu'il ne quitterait pas la ville tant qu'il resterait une étincelle d'espoir de la sauver.
Le fait que la chute de la ville soit organisée de l'intérieur semblait le toucher encore plus profondément. Al n'en était pas autant surprise. Les gens étaient des idiots, et qui plus est, des idiots dangereux. A se demander pourquoi quiconque s'obstinerait à vouloir les faire cohabiter ensemble.

"Tu as bien conscience que la ville telle que tu la connais est condamnée, Marley, pas vrai ?" demanda-t-elle. "Prenons le cas le plus optimiste. Les Ombres sont vaincues. Au prix de combien de vies de notre côté? Et après ce qui s'est passé, tu crois vraiment que les survivants seront en état de se faire confiance? C'est fini, Marley."

Elle vit soudain Alfred entrer dans la pièce et se tut.

John serrait le poing, fermé sur son genoux.
Où est-ce qu'il s'était planté ? A quel moment ? Il avait envie de hurler.
L'entrée d'Alfred le fit relever la tête.
"-Gilles ?" Demanda-t-il simplement, bien qu'il savait que le médecin n'était pas chargé de cet adolescent là, et qu'il ne venait pas lui parler de celui là. Mais il espérait.
"-Non... C'est Martin il... Il est mort."
Il avait envie d'exploser.
"-Pourquoi ?"
Son ton était sec, sans émotion.
"-Je penses que... J'ai tenté de lui inoculé une nouvelle solution. Qui mêlerait mieux l'humain et l'hybride en lui. Mais après s'être autant concentrer pour sauver Gilles, il... Il n'était pas prêt. Il a perdu le contrôle. J'ai tenter de lui donner une autre solution que j'avais en phase de test et... John, je crois que j'ai tué Martin. -Il inspira, tremblant, ces mots sortant enfin de sa bouche.- Charlie est au courant pour sa mort, mais pas pour le reste."
John lui tournait toujours le dos. Mitigé.
"-Sortez." Dit-il d'une voix blanche. "J'exige la présence de tous les concernés dans ce merdier dans mon bureau, dans une heure. Allez chercher Charlie aussi."
Le médecin, qui avait brusquement palît, quitta la pièce.
John releva les yeux sur Alice.
"Si tu as une solution, jsuis preneur."

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Alfred s'était absenté juste une dizaine de minutes, quand il frappa à nouveau à la porte de Charlie, tremblant.

Martin mort?... Et d'après ce qu'elle avait compris, en partie de sa faute. Charlie... ce devait être la gamine qui avait montré ses crocs lorsqu'elle avait promené un flingue devant le nez de l'hybride. Si jeune... Mais Al n'arrivait pas à se sentir désolée. Ca avait sauvé Gilles, elle ne regrettait pas. Cependant, elle avait un pressentiment. Quelque chose qu'elle avait entendu... et qui lui échappait. Elle secoua la tête avec agacement.

Une solution. Elle n'avait jamais été forte pour trouver une solution à grande échelle. Elle décida d'être honnête.
"John. J'ai vu plusieurs villes se désintégrer. Mourir. Et je suis toujours en vie. Parce que j'ai accepté cet état de fait. Peut-être que j'aurais dû rester? Peut-être. J'aurais pu en sauver quelques uns. J'aurais pu tout aussi bien être morte.
Ne fronce pas les sourcils comme ça. Je ne sais pas ce que tu veux faire, mais tu dois au moins la vérité aux habitants. Dis leur la vérité. Qu'une attaque va avoir lieu. Que des traîtres se sont manifestés. Que beaucoup mourront.
Donne leur le choix. Regarde ceux qui partent, regarde ceux qui restent. Décide en conséquence.
Vous serez peut-être peu à rester, mais vous aurez la confiance."

Elle détourna le regard. Serra un peu plus fort sa main.

"Nous aurons la confiance."

Marley leva les yeux.
Laisser partir ceux qui le veulent. Expliquer la vérité aux gens. Prévoir après.
Laisser les habitants décider de l'avenir de sa ville.
Il ne voulait pas que la moindre personne voit son bastion comme une prison. Il volait une communauté soudé.
Il fallait peut être tout reprendre à zéro, en gardant seulement les bons éléments.
Oui, comme ça. Ils avaient une chance.
Il laissa filtrer un sourire sans joie.
"C'est une bonne idée. Très bonne même. -Il planta son regard dans le sien.- Fait attention, t'es en train de me devenir indispensable." Rit-il brièvement.

Alice grimaça pour cacher son embarras. La chaleur qui montait dans sa poitrine lorsqu'il la regardait avec ses yeux là était aussi agréable que douloureuse.

Elle tenta de se redresser. Ferma les yeux en sentant la pièce tourner mais persévéra.
"Il faut que je vois Gilles. Même s'il... Il faut que je le vois."
Il faut que je sois sûre qu'il est en sécurité.

Elle avait mal à la tête. "T'es en train de me devenir indispensable." Ce n'était pas bon. Elle était en train de devenir une faiblesse pour John. Et dans son état actuel... Elle se retint à lui pour ne pas tomber. Ce n'était pas bon du tout.

Un fauteuil roulant fut amené à la demande de John, il l'aida à s'y installer, se retenant de faire toute remarque sur le fait qu'elle devrait se reposer davantage.
"Je sais que c'est chiant ces trucs, mais en attendant de pouvoir remarcher sans tomber, c'est pas mal." Lança-t-il en désignant son propre fauteuil roulant.

Il la guida jusqu'à la chambre au bout du couloir, où Gilles était.
L'adolescent avait les yeux clos, une perfusion dans le bras tandis qu'un capteur surveillait son pouls. Il avait repris quelques couleurs, même si sa joue était barrée d'une profonde cicatrice et qu'un de ses yeux était recouvert d'un bandage épais, ainsi que sa main gauche.

Al s'abstint de faire le moindre commentaire sur son fauteuil roulant. Elle le détestait déjà mais elle était bien consciente qu'elle ne pouvait pour l'instant pas faire autrement.

Elle sentit son énervement réprimé s'affadir lorsque son regard tomba sur Gilles. Pour la première fois depuis qu'elle avait appris qu'il avait disparu, elle eut l'impression de respirer complètement. Il récupèrerait. Physiquement du moins. Psychologiquement... c'était moins sûr. Elle avait encore en tête le cri qu'il avait poussé par la bouche de Martin. "NON NE LEUR RACONTE PAS!"

Au moins, Raoul était mort à présent. Une satisfaction malsaine s'insinua dans son esprit à cette pensée mais elle tenta de la chasser. C'était... étrange tout de même. Elle avait toujours su n'avoir aucun état d'âme concernant la mort mais tuer ne lui avait jamais rapporté de plaisir auparavant. Il fallait reconnaître aussi qu'elle ne s'était jamais laissé aller à aimer autant non plus. Ca restait tout de même perturbant...

Elle chassa ses pensées et eut un sourire narquois:
"Bah dis donc, Marley, il paraît bien parti pour devenir au moins aussi séduisant que toi."

Rire. Rire pour ne pas pleurer. Rire pour masquer cette soif de sang qui grossissait en elle en voyant Gilles - son Gillou - blessé. Qui s'alimentait à la pensée que techniquement John était également en piètre état à cause de ces traîtres. S'ils n'avaient pas brûlé la réserve...

Non. Non. Il ne fallait pas penser comme ça. Pas se laisser dévorer par la rage. Elle avait déjà vu des hommes et des femmes devenir fous de rage avant. Ils devenaient plus prévisibles. Plus vulnérables. Pour eux et pour leurs proches.
"Tu feras une bonne Ombre." Le souvenir remonta brusquement en elle, la faisant sursauter. Ces mots... Elle frissonna. Pas le moment d'y penser.

"John..." murmura-t-elle d'une voix étranglée. Punaise. Je pleure. Tant pis, elle devait le dire. "Ne meurs pas. D'accord?"

Je t'aime. Je vous aime. Et je crois que ça me détruit.

John rit.
"Au moins, mais il en est encore loin !"
Il perdit rapidement son sourire devant le jeune homme endormi. Se demandant quel sera sa réaction au réveil.
Les mots d'Alice vinrent interrompre sa reflexion. Il posa sa main sur celle de la jeune femme.
Il était tenté de dire quelque chose du style "t'en fais pas, il m'en faudra bien plus !" mais l'heure n'était pas à ce style de jeu.
"Promis." Lacha-t-il simplement à mi-voix.

Al se força à se calmer. Même en fauteuil roulant, John dégageait un charisme de leader. Pas le charisme auquel la plupart des gens étaient habitués peut-être... A cause de son visage mutilé ou de son air un peu trop sardonique parfois. Mais il respirait la justice et le respect.

Al ne put s'empêcher de sourire en y pensant. Toutes ses qualités qui lui faisaient défaut. Elle avança plus près du lit de Gilles. Pourquoi s'était-elle attachée à ce gamin déjà? Son air trop sérieux, trop blessé pour son âge. Trop silencieux aussi. Qui lui faisait peur parce qu'elle savait à quel point elle lui ressemblait au fond. Même si elle le cachait mieux. Se réfugier dans le silence ou se réfugier dans les paroles vaines... C'était la même chose au fond.
John était son appui. Gilles était son miroir.

Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur toi...
Sur tous les habitants, c'était quand même un comble que ça soit lui. Réveille-toi s'il te plaît...

Avec hésitation - bon Dieu, des années d'existence solitaires ne l'avaient pas vraiment préparé à ça - elle posa sa main sur son bras.
Si tu m'entends... Quelque part. Réveille toi s'il te plaît. Je suis là.

Malheureusement pour le pauvre Alfred, Charlie n'était plus chez elle depuis longtemps.
Réfugiée dans le camp d'entrainement horriblement vide, armée du couteau de son frère (la chose seule qu'on avait retrouvé de lui, elle ne l'avait plus utilisé depuis des mois...), elle frappait, poignardait et déchiquetait une cible.
Elle voulait se battre, frapper jusqu'à en être épuiser, jusqu'à s'effondrer, pour s'empêcher de penser. De penser à l'apocalypse, aux Ombres, à Alfred, à John... Et à l'odeur de Martin, qui semblait encore lui coller à la peau.
De rage, elle planta son arme dans le bout de bois pour le retirer aussi sec. Elle refusait de l'accepter, ça ne se pouvait, ce n'était tout simplement pas possible...
- Déni.
Elle eut un sourire amer en repensant au discours qu'une psychologue lui avait sorti, alors que quelqu'un de sa famille était morte, avant la fin du monde. Ça remontait à tellement loin...
- Il y a cinq phases dans un deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation.
- J'accepte toujours pas la mort de mon frère, j'suis mal barrée pour m'en sortir... marmonna-t-elle en lâchant son arme de dépit.
Elle s'accroupit, fatiguée. Le cynisme ne lui allait décidément pas.
Elle ferma les yeux, et posa sa front contre ses genoux. Elle voulait disparaître, qu'on lui fiche la paix, que le monde l'oublie. Elle ne pouvait pas tout encaisser, c'était trop pour elle.
- Reviens, je t'en supplie...